Découverte du gène responsable de l'agressivité des liposarcomes

Tumeurs des tissus graisseux, les liposarcomes sont d'autant plus agressifs et d'évolution rapide que leurs cellules ont perdu leur capacité ? fabriquer des graisses. A l'Institut Curie, des chercheurs de l'Inserm viennent d'identifier le gène ? l'origine de cette défaillance cellulaire : le gène JUN. Lorsqu'il est muté, le pronostic des liposarcomes est défavorable. Ce nouveau paramètre devrait permettre d'affiner le diagnostic et de mieux adapter les traitements des liposarcomes. A terme, cette mutation génétique pourrait aussi servir de cible ? de nouvelles thérapies. Ces résultats sont publiés en ligne dans Cancer Cell, le 9 avril 2007.

Les liposarcomes sont des tumeurs des tissus graisseux de la famille des sarcomes très hétérogènes. Si certains liposarcomes sont faciles ? soigner, d'autres présentent un moins bon pronostic : ils sont beaucoup plus agressifs et envahissent les tissus voisins.

A l'Institut Curie, l'équipe d'Alain Aurias au sein de l'Unité Inserm 830 - Génétique et Biologie des cancers -, dirigée par Olivier Delattre, étudie notamment le développement des liposarcomes. Les travaux entrepris par cette équipe ont permis de comprendre l'origine du caractère agressif de ces tumeurs du tissu graisseux : tant qu'elles gardent leur capacité ? fabriquer des graisses, les cellules tumorales prolifèrent peu et sont généralement de bon pronostic ; en revanche, une fois cette faculté perdue, les liposarcomes deviennent très agressifs.

Pourquoi les cellules graisseuses sont défaillantes ?

Les chercheurs viennent d'identifier le gène responsable de cette défaillance des cellules graisseuses : il s'agit du gène JUN, dont ils viennent de montrer pour la première fois l'implication directe en cancérogenèse humaine.

Jusqu'alors, seuls deux gènes étaient connus dans le développement de ces sarcomes : le gène MDM2 qui emp?che les cellules de mourir (anti-apoptose) et le gène CDK4 qui active la division cellulaire. Les chercheurs de l'Institut Curie viennent donc de mettre en évidence un troisième gène impliqué : le gène JUN.

Ainsi, la recherche de mutations du gène JUN pourrait ? l'avenir s'intégrer dans le diagnostic, afin d'identifier précocement les patients ayant une forme agressive de tumeur, et ainsi d'adapter le traitement en conséquence. Les patients dont la tumeur est de bon pronostic pourraient bénéficier d'une désescalade thérapeutique et éviter certains traitements lourds (chimiothérapie) et inutiles.

Les chercheurs s'attachent désormais ? identifier une molécule susceptible d'agir sur les mutations du gène JUN et éventuellement de rétablir son fonctionnement normal. Il existe déj? des molécules ciblées sur les mutations des gènes MDM2 et CDK4 impliquées dans ces tumeurs.

Plus largement, la connaissance du profil génétique des tumeurs, quelle que soit leur nature (liposarcomes ou autres), devrait ainsi servir ? affiner le diagnostic et ? améliorer le traitement des cancers.

Qu'est qu'un sarcome ?

Les sarcomes sont des tumeurs qui se développent dans les tissus conjonctifs ou les tissus mous, (cartilage, tissus fibreux, muscles, os). Ils représentent moins de 1 % de l'ensemble des tumeurs malignes de l'adulte, avec 1 000 nouveaux cas environ par an en France. Leur principale caractéristique est leur facilité ? envahir les tissus environnants, mais également ? disséminer loin de la tumeur primitive sous forme de métastases.

On distingue les sarcomes du tissu conjonctif commun et les sarcomes du tissu conjonctif spécialisé (angiosarcomes, chondrosarcomes, lymphosarcome, etc.).

Le liposarcome, un sarcome particulier

Il fait partie des sarcomes les plus fréquents chez l'adulte, et survient généralement entre 40 et 60 ans, chez l'homme dans 60 % des cas. Il se développe au niveau des cellules graisseuses de la cuisse, derrière le genou, au niveau des parois abdominales et du bassin. Son évolution est susceptible de donner des métastases pulmonaires.


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Publié le 18-04-2007




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