Epidémie Mondiale de l'Obésité

Fréquence

Si on parle actuellement d' épidémie c'est d'une part en raison de la rapide progression de l'obésité et d'autre part de son énorme impact sur la santé des populations.

On estime qu'il y a 314 millions de personnes au monde qui souffrent de tolérance abaissée au glucose et que le risque de diabète de type 2 chez celles ci est de 70%
Aux USA on estime que l'obésité est responsable de 300.000 décès par an, ce qui la place juste après le tabac : 61% des adultes américains seraient en effet soit en surpoids soit obèses.
Des données récentes montrent aussi que près de 30% des adolescents en surpoids ont un syndrome métabolique, ce qui représente environ 910.000 adolescents US.

Parallèlement, on constate une hausse du diabète de type 2 et du syndrome métabolique. Dans le monde on estime qu'il y a 150 millions de personnes qui souffrent de diabète, dont 90 % du diabète de type 2. Une multiplication par deux de ce chiffre est attendue dans les 25 prochaines années.
Environ 47 millions d'Américains soit 23% ( presque 1 adulte sur 4 ) ont un syndrome métabolique. Ce chiffre inclut les 10 à 15 millions de personnes ayant un diabète de type 2 .
Selon l'OMS et la Fédération internationale du diabète : " Si des mesures ne sont pas prises maintenant, il y a un risque important que les gouvernements et les sécurités sociales se trouvent dans l'incapacité de garantir des soins appropriés aux millions de personnes atteintes en 2025."
L'IDF va faire des propositions aux différents gouvernements en insistant sur l'adage "gouverner c'est prévoir".

Définition

Un surpoids ou l'obésité de l'adulte est déterminé par le "body mass index" ou "indice de masse corporelle" (BMI ou IMC), défini par le poids en kilogs divisé par le carré de la taille en mètre.


Classification de l' excès de poids sur base du BMI 
poids normalentre 18.5 et 24.9  
obésité moyenneentre 25 et 29.9  
obésité majeureentre 30 et 35 Classe I
obésité majeureentre 35 et 40 Classe II
obésité morbidesupérieur à 40 Classe III

Signes physiques

Un excès de poids, parfois modéré, avec répartition abdominale dominante de la graisse, attesté par la mesure du tour de taille (supérieur à 95 cm chez la femme et à 100 cm chez l'homme)

Signes biologiques

Une hypertension artérielle le plus souvent modérée
La glycémie à jeun comprise entre 1,10 et 1,25 g/l
L'hyperinsulinisme témoin de l'insulinorésistance
Une dyslipidémie avec élévation modérée des triglycérides, diminution du HDL-cholestérol, élévation du LDL-cholestérol (est plus tardive)
Augmentation de l'inhibiteur de l'activateur du plasminogène (PAI-1) (acroissement du risque de thrombose ) et du fibrinogène
Augmentation de la protéine C réactive et de la ferritine ( témoins de l'inflammation )
Elévation des gamma GT hépatiques
Diminution de la protéine liant les hormones sexuelles (Sex Hormone Binding Globulin: SHBG) ce qui explique l'élévation de la fraction libre biologiquement active de celles ci et les troubles dus à cet excès ( ovaires micro poly kystiques et cancers pré et post ménopause ).

Risques

Les symptômes sont souvent attribués à des maladies d'autres systèmes.
Les maladies métaboliques telles le diabète, l'hyperlipidémie et l'hypertension se développent plus tardivement.
Finalement l'obésité augmente le risque d'infarctus, d'accident vasculaire cérébral et de plusieurs types de cancer, mais son plus grand impact, spécialement chez les plus agés, est probablement la multiplicité d'effets sur les autres systèmes corporels.
Un BMI supérieur à 25 kg/m2 avant l'âge de 20 ans est un signal prédictif très fort d'obésité et de maladies à l'âge adulte. ( 1)
Le risque de décès, est réputé faible pour un BMI inférieur à 30, mais il serait augmenté de 50% à 100% comparé aux adultes avec un BMI de 20-25.
L'obésité est un facteur majeur causal des maladies cardio vasculaires, d'arthrite et de certains cancers. La reconnaissance du syndrome métabolique et la prévention précoce sont estimés être plus nécessaires que jamais.

Risques du diabète de type 2

Le diabète de type2 non-insulino dépendant
augmente la fréquence des maladies cardiovasculaires
augmente la fréquence de l'hypertension,
les problèmes respiratoires et notamment l'apnée pendant le sommeil,
les problèmes d'arthrite,
de métabolisme des lipides sanguins,
les anomalies hormonales et certains cancers dont le cancer du sein, du colon. On soupçonne aussi un risque de cancer pour les reins, la vésicule biliaire et la prostate.

Les causes du syndrome métabolique

Pour la plupart des patients, la cause du syndrome métabolique est une nourriture non adéquate et une activité physique insuffisante, avec dès lors acroissement du poids.
Le traitement principal sera la perte de poids et l'exercice physique.
La résistance à l'insuline et l' hyperinsulinémie apparaissent être deux importantes conséquences des désordres du métabolisme des lipides rencontrés dans le syndrome métabolique . Rappellons que l'adiposité abdominale est un signe avant coureur d'anomalie du test de tolérance aux sucres et que chez les personnes obèses, le tour de taille est lié aux anomalies des lipides ( dyslipidémie ) et à une tension artérielle élevée et encore que l'hyperinsulinémie est impliquée dans le développement des plaques d'athérome dans les vaisseaux.

Le tissu adipeux

Des données récentes en biologie du tissu adipeux montrent que ce tissu n'est pas qu'un organe de stockage d'énergie mais qu'il est aussi un organe secrétoire, produisant des substances bioactives, incluant la leptine et l'adiponectine, qui peuvent influencer la function ainsi que l'intégrité de la structure du système cardiovasculaire.

La connaissance des altérations des fonctions endocrine du tissu adipeux pourrait aider à comprendre le haut risque cardiovasculaire associé avec l'obésité.(2)

La leptine est une des nombreuses protéines secrétées par les adipocytes. Parmi celles ci on note encore l'angiotensinogène, l'adipsine, l'adiponectine, l'interleukine 6 et un inhibiteur de l'activateur du plasminogène (PAI-1). ( 3 - 4)

La résistine est un autre facteur que l'on décrit comme pouvant induire la résistance à l'insuline, reliant ainsi le diabète à l'obésité. Il y a actuellement de fortes présomptions de liens entre certaines substances secrétées par les adipocytes et les complications métaboliques et cardio vasculaires de l'obésité. ( 5 - 6)

La protéine la plus récemment découverte, l'adiponectine, est impliquée dans les métabolismes lipidique et glucidique et semble jouer un rôle primordial dans la physiopathologie de l'obésité, du diabète de type 2 et de la maladie coronarienne. Toutes les études montrent que sa concentration plasmatique est diminuée chez les obèses. L'amaigrissement s'accompagne par contre d'une augmentation significative de l'adiponectine. (7 - 8 - 9)

Les mécanismes à l'origine de la dyslipidémie, de l'élévation de la pression artérielle, des anomalies de l'hémostase, de la fibrinolyse et des dysfonctions endothéliales peuvent trouver leur explication au niveau de ces troubles de la production des protéines secrétées par les adipocytes.

Traitements

La lutte contre le syndrome métabolique et la prévention de ses conséquences va associer les mesures diététiques visant à perdre du poids, un exercice physique régulier et éventuellement des médicaments.

mesures diététiques :

Tout le monde s'accorde à dire qu'une réduction même de faible amplitude améliore déjà considérablement la sensibilité à l'insuline et les facteurs de risque cardio vasculaires.
Le programme finnois "Finnish Diabetes Program" et le programme de prévention ont montré qu'une diminution moyenne de 7% du poids réduisait le risque de développer un diabète de type 2 de 58%.

Il faut réduire les sucres, bonbons, gateaux, chocolat, glace, confitures, les boissons sucrées (coca),
les matières grasses ( viandes grasses, charcuterie, beurre, frites)
préférer le pain complet, les pates et le riz complet
consommer du poisson, de la volaille, des légumes verts, des fruits, yaourt sans fruits
utiliser l'huile d'olive ou de colza pour les salades
Il faut se faire aider par les professionnels : médecin, diététicien pour tenter d'éviter les erreurs et les échecs.

exercice physique :

il facilite le maintien de la perte pondérale obtenue par l'alimentation
30 minutes 3 à 5 fois par semaine

médicaments disponibles actuellement:

sibutramin, orlistat, metformin
le pioglitazone, le rosiglitazone qui diminuent la résistance à l'insuline et qui aurait pour le premier aussi un effet antiathérogénique indépendamment de son effet antidiabétique.(10)

Traitements futurs

Le peptide YY3-36 (PYY) Une perfusion de PYY produit une chute des taux de ghrelin, une hormone qui stimule l'appétit (11)
les futurs médicaments utilisant les propriétés de la résistine, de l'adiponectine

Références

1- Pathophysiology of obesity - Proc Nutr Soc. 2000 Aug;59(3):331-6.)
2- J Physiol Biochem. 2003 Mar;59(1):51-60.)
3- http://arbl.cvmbs.colostate.edu/hbooks/pathphys/endocrine/bodyweight/leptin.html
4- http://www.weight.com/Leptin.html
5- Proc Nutr Soc. 2001 Aug;60(3):329-39 )
6- http://users.rcn.com/jkimball.ma.ultranet/BiologyPages/L/Leptin.html
7- Laboratoire de Nutrition, EA 3516, Faculté Xavier Bichat, Paris
http://www.cerin.org/periodiques/choledoc/choledoc_73.asp
8- LE TISSU ADIPEUX : UNE GLANDE ENDOCRINE
http://www.corata.org/recueil_tours/tourssession4-2ferre.htm
9- Les recherches en génétique: http://www.gros.org/pagesgros/genetique.html
10- Diabetes Care 2003;26:2493-2499.
11- N Engl J Med 2003;349:926-928,941-948


Publié le 05-10-2003