Une nouvelle biothérapie contre le cancer et la perte de vision
Philippe Le Bouteiller, directeur de recherche au Centre de physiopathologie de Toulouse Purpan (Inserm U1043-UPS-CNRS UMR 5282), Armand Bensussan, directeur du Centre de recherche sur la peau de l'hôpital Saint-Louis (Inserm U976-Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité) et leurs collaborateurs viennent de publier des résultats démontrant, chez l'animal, que l'utilisation d'un anticorps dirigé spécifiquement contre une nouvelle cible thérapeutique fait régresser le développement de vaisseaux sanguins, et de ce fait, diminue la croissance tumorale et résorbe certaines pathologies oculaires. Cette nouvelle biothérapie pourrait ainsi être utilisée pour traiter des cancers et des maladies ophtalmiques associés à une forte angiogenèse. Ces travaux sont publiés online sur le site du Journal of Experimental Medicine du 11 avril. Le développement de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) joue un rôle essentiel dans le développement de plusieurs maladies de l'oeil et dans la croissance des tumeurs dites solides (cancer touchant des organes). Les chercheurs, qui ont identifié et caractérisé depuis plusieurs années un récepteur appelé CD160, ont découvert que celui-ci était exprimé sur les cellules endothéliales activées qui tapissent les vaisseaux sanguins nouvellement formés, présents dans certaines tumeurs chez l'homme et dans d'autres espèces notamment chez la souris. En revanche, ce récepteur n'est pas présent dans les vaisseaux des tissus sains. Ils ont aussi mis en évidence que ce récepteur lorsqu'il fixait son ligand naturel (les molécules HLA-G solubles), entraînait la mort cellulaire. Ces observations les ont conduits à tester l'utilisation de ce récepteur comme cible thérapeutique pour bloquer la néovascularisation tumorale mais également celles associées à certaines pathologies oculaires entrainant des pertes de vision. Suite à leurs observations, ils ont développé un anticorps monoclonal agoniste spécifiquement dirigé contre ce récepteur (anticorps monoclonal anti-CD160) comme agent biothérapeutique pour bloquer la formation de néovaisseaux. Utilisation de l'anticorps anti-CD160 dans deux modèles tumoraux chez la souris Ils ont démontré, chez des souris ayant reçu des cellules cancéreuses hautement agressives (mélanome, fibroblastes tumoraux), que le traitement par l'anticorps monoclonal, associé à une chimiothérapie, faisait régresser la croissance tumorale de façon significative et prolongeait la survie des animaux. Ces effets bénéfiques sont associés à une diminution du nombre de vaisseaux néoangiogéniques intratumoraux et à une préservation des vaisseaux les plus mâtures, permettant ainsi un meilleur acheminement de la chimiothérapie. Ce type d'action a pour conséquence de diminuer la toxicité liée aux fortes concentrations utilisées lors du traitement conventionnel de chimiothérapie. Utilisation de l'anticorps anti-CD160 dans deux modèles de pathologies oculaires chez le lapin et la souris Les chercheurs ont utilisé un modèle de néovascularisation dans la cornée de lapin, reproduisant ainsi des pathologies existantes chez l'homme (rejet de greffe de cornée, brûlures...). En les traitant localement avec l'anticorps anti-CD160, ils ont observé une régression de cette néovascularisation. Ils se sont également intéressés aux pathologies de la rétine associées à un développement vasculaire prolifératif non contrôlé, dont la rétinopathie de l'enfant prématuré. Ils ont utilisé un modèle chez la souris mimant cette rétinopathie et ont démontré que suite à l'unique traitement par l'anticorps, la rétine pathologique retrouvait une vascularisation normale. Cette nouvelle thérapie est originale car elle induit directement la mort des cellules endothéliales en prolifération. Elle diffère des traitements anti-angiogéniques actuellement utilisés en clinique et qui ciblent le facteur pro-angiogénique VEGF précise Philippe Le Bouteiller, directeur de recherche au Centre de physiopathologie de Toulouse-Purpan (Inserm U1043-UPS- CNRS UMR5282). Cette thérapie par l'anticorps monoclonal anti-CD160 représente une alternative aux traitements anti-angiogéniques actuellement utilisés en clinique, pour les patients résistants. Cette nouvelle biothérapie pourrait être utilisée pour traiter des cancers associés à une forte angiogenèse ainsi que des pathologies ophtalmiques associées à une néoangiogenèse comme la dégénérescence maculaire liée à l'âge, qui touche de plus en plus de personnes âgées, la rétinopathie diabétique et la rétinopathie du prématuré article source
Publié le 14-04-2011
Si vous souhaitez faire une recherche complémentaire, copiez-collez un ou plusieurs ( recherche plus restreinte ) des mots ci-dessous dans google search ci-dessous
Voici les Mots clefs de cet article : biothérapie ,
|  | Version pour Impression [ Zoom>30-01-2012 - Premiers résultats de l'utilisation de cellules souches rétiniennes Lire 03-02-2012 - Percée majeure en génétique : cancer du cerveau chez l'enfant Lire 15-02-2012 - De nouveaux résultats soulignent l'importance des gènes synaptiques dans l'autisme Lire 20-02-2012 - Une micropuce implantable délivre un médicament à des femmes atteintes d'ostéoporose Lire 28-02-2012 - Microbes dans le liquide amniotique Lire 13-03-2012 - Augmentation du nombre d'enfants souffrant du trouble du déficit de l'attention et d'hyperactivité Lire 21-03-2012 - Système immunitaire de souris reconstitué à l'aide de cellules souches de personnes adultes Lire 29-03-2012 - Un type d'alimentation pourrait être responsable du faible nombre de spermatozoïdes Lire 17-04-2012 - Un moyen interne de réparer le cartilage Lire 30-04-2012 - Une molécule traite le comportement autistique chez la souris Lire 03-05-2012 - Pourquoi l'organisme réagit-il différemment, selon les individus, à un régime riche en graisse ? Lire 15-05-2012 - Les femmes âgées souffrant d'arythmie cardiaque sont plus à risque de subir un AVC Lire 30-05-2012 - Je mange parce que je suis déprimé et je suis déprimé parce que je mange Lire 06-06-2012 - Une procédure restaure le mouvement des pattes de rats paralysés Lire 18-06-2012 - Oestrogènes et risques cardiovasculaires chez les femmes ménopausées Lire Plus de brèves
|