La signature génétique réoriente l'indication d'anciens médicaments

On estime qu'il faut en moyenne 15 ans et 800 millions de dollars pour découvrir et introduire sur le marché un nouveau médicament. Trouver de nouvelles indications à des médicaments déjà autorisés signifie en général que l'on peut éviter les rigoureux tests de sûreté exigés par la Food and Drug Administration (FDA) et d'autres agences réglementaires, ce qui permet de faire l'économie du temps et des coûts nécessaires pour faire passer le médicament du laboratoire au cabinet du médecin.

De nouvelles utilisations de médicaments ont déjà été découvertes incidemment, comme par exemple la croissance excessive des cheveux obtenue avec le minoxidil pris à l'origine contre les douleurs de poitrine, qui fait que ce produit est surtout utilisé maintenant pour stimuler la pousse des cheveux. Il en va de même du Viagra, médicament développé initialement pour traiter l'hypertension et les douleurs de poitrine.

Dans leurs études, Atul Butte et ses collègues ont trouvé un nouvel emploi pour des médicaments en utilisant une méthode informatique fondé sur des données moléculaires publiques. Les chercheurs ont mis au point une technique pour faire correspondre un produit à une maladie donnée en se basant sur l'idée que les opposés s'attirent. En déterminant les gènes activés ou réprimés sous l'effet d'un médicament et en sachant qu'il arrive l'opposé à ces gènes dans une maladie donnée, l'hypothèse faite par les chercheurs a été qu'il pouvait alors servir à traiter la maladie.

L'équipe a mis au point un score de similitude pour la signature génétique de toutes les paires possibles de médicament et de maladie, soit 100 maladies et 164 médicaments. Les résultats se répartissaient entre + 1 correspondant à une corrélation parfaite des signatures à - 1 qui en est l'opposé. Un score de similitude de - 1 prédisait que le médicament serait efficace contre la maladie.

Les chercheurs ont ensuite testé en laboratoire certaines de leurs prédictions. La cimétidide, un anti-ulcéreux qui devait agir contre le cancer du poumon, a bien inhibé la croissance de ces cellules tumorales chez la souris, tandis que le topiramate, un anticonvulsivant qui devait améliorer les symptômes de la maladie inflammatoire du côlon, a bien réduit les dommages sur le côlon dans un modèle de la maladie chez le rat.

Ces résultats suggèrent que ces deux médicaments pourraient recevoir une nouvelle indication pour traiter le cancer du poumon ou les maladies inflammatoires chroniques des intestins, des pathologies en manque de meilleurs traitements. Butte et ses collègues soulignent toutefois qu'il ne serait pas une bonne idée pour les patients de vouloir se traiter avec des médicaments conçus à l'origine dans un autre but.

Un article Perspectives revient sur l'histoire des approches informatiques pour trouver de nouvelles indications aux médicaments et sur l'amélioration que représentent ces deux études par rapport aux méthodes passées visant à trouver de nouvelles utilisations à d'anciens médicaments.

Article 1 : Computational Repositioning of the Anticonvulsant Topiramate for Inflammatory Bowel Disease par J.T. Dudley, M. Sirota, M. Shenoy, R. Pai, S. Roedder, A.P. Chiang, A.A. Morgan, M. Sarwal, P.J. Pasricha et A.J. Butte de l'Ecole de médecine de l'Université de Stanford et de l'Hôpital pour enfants Lucile Packard.

Article 2 : Discovery and Preclinical Validation of Drug Indications Using Compendia of Public Gene Expression Data par M. Sirota, J.T. Dudley, J. Kim, A.P. Chiang, A.A. Morgan, A. Sweet-Cordero, J. Sage et A.J. Butte de l'Ecole de médecine de l'Université de Stanford et de l'Hôpital pour enfants Lucile Packard.


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Publié le 24-08-2011


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